Ces dernières semaines plusieurs témoins architecturaux du patrimoine calaisien ont fait les frais d’une curée immobilière digne du roman d’Emile Zola.

Les premières victimes ont été les vestiges archéologiques découverts aux abords de l’Eglise Notre Dame. On peut regretter que le pavage et les anciens fondations et caves ont tous été recouverts de remblais au lieu d’être intégrés dans le futur jardin Windsor.

La semaine dernière se sont les demi-lunes en béton de l’ancienne usine THELLU qui ont tout simplement été rasées. Cette architecture typique de la reconstruction d’après guerre et qui caractérise l’histoire ouvrière de notre ville n’a pas pesée bien lourd face aux contingences financières et aux intentions écologiques assez creuses de Madame Le maire. Cette derniére et l'OPH font détruir les demi-lunes pour y construire un éco-quartier, louables intentions auxquelles on ne croit guerre lorsqu'on sait que se trouvera un parking au beau mileu de ce quartier...

 L’OPH n’hésite pas à faire porter l’obligation de détruire l’ancienne usine aux clandestins, responsables tout trouvés d'un discours qui ne manque pas de cynisme… on peut penser que si le site n’avait pas été abandonné pendant plusieurs années il aurait put être sauvegardé. Ce choix est d’autant plus incompréhensible lorsqu’on se souvient que Madame Bouchart se félicitait d’avoir sauvegardé les demi-lunes du forum Gambetta il y a 3 ans, vouées selon elles à la destruction par Jacky Hénin. Une fois de plus le premier magistrat fait aujourd'hui ce qu'elle reprochait à d'autres hier.

Prochaine victime annoncée : l’ancienne Maison Berthe celle là même qui durant la guerre abrita des pilots anglais en vue d’organiser leur exfiltration. Ce choix semble incompréhensible lorsqu’on connait l’intérêt que semble porter Madame Le Maire pour cette période tourmentée de notre histoire.

 A quoi bon inaugurer des plaques commémoratives, inviter les écoliers aux cérémonies du souvenir ou faire défiler des clubs de reconstitution si c’est pour en même temps détruire les traces palpables de l’Histoire ? La Maison Berthe pourrait accueillir un musée moderne de la guerre ou un musée retraçant l’histoire de Calais sous l’occupation. Ce type de musée plait énormément au public anglais ou hollandais.

 Cette incapacité à intégrer le passé dans des projets porteurs d’intérêts et de développement constitue bien le drame de toutes ces affaires. Alors que la guerre et ses bombes n’ont pas épargné notre ville, nous privant ainsi d’atouts pour attirer des touristes en quête d’histoire et d’authenticité, ce sont aujourd’hui les grues et les pelleteuses qui prennent le relais écorchant un peu plus notre attractivité.